19e cours scénario, L'exposition

La note

Procédé qui consiste à donner les informations dont le publique a besoin pour suivre et comprendre les éléments de l’histoire : le contexte, la caractérisation, la back story, etc.

Une bonne exposition :

1. Show Don't Tell (sauf cas particulier, contraintes temps etc)
2. Rendre l’exposition conflictuelle → comment elle peut modifier, attaquer le personnage
   1. Les infos ont un impact sur les personnages
   2. A un impact dans le récit, si possible les éléments d'exposition changent le cours du récit, avec des points de non retour
3. Bien doser, au bon moment : Trop peu d’exposition → spectateur perdu. Trop d’exposition → lent, perte d’intérêt. (McKee)

La priorité dans l’exposition :

• Protagoniste et objectif
• Compréhension claire de ce qu’il se passe à la surface

Comment Ex Machina distille l’information : Ex Machina — The Control of Information - YouTube
Exemple d'une exposition en action avec Matrix : https://youtu.be/NdSGZ-RNdTw?si=sm6u3Zykl0XisJ1c

Les concepts clés de l'exposition

Préparation-paiement, notamment pour éviter les Deus ex machina
Le Milking
Les Flashback
Et la Fausse piste, pour un bon plot twist

La note

Setup-payoff en anglais
On appelle cela aussi un « Fusil de Tchekhov » (dramaturge russe XIX°s)

Tu présentes quelque chose au public
Tu fais revenir cette chose, changée d’une quelconque façon :

• Préparation  : Bilbon offre une armure en mitril à Frodon
• Paiement   : l’amure sauve Frodon dans les mines de la Moria

Parfois il faut un ou plusieurs rappels car « les histoires doivent avoir une certaine longueur que la mémoire puisse aisément retenir » (Aristote)
Un paiement sans préparation : Deus ex machina

C’est assez satisfaisant, cela crée de la cohérence.
Ça peut être très émouvant.
Cela peut aussi créer une bonne blague.

Un bon préparation-paiement donne le sentiment que les choses trouvent naturellement leur place, qu’elles ont une fin, que rien n‘est là par hasard. Que l’histoire est un ensemble cohérent.

Il faut préparer l’élément avant par l’exposition (souvent acte 1) et non après qu’il ait servi.
Ça peut être un élément même interne au personnage comme des capacités, une caractérisation.

Que fait Shaun of the Dead de ses préparation-paiement : Shaun of the Dead - Pourquoi la comédie a besoin de stéréotype - YouTube

Deux types de préparation :

Téléphone : Aide à résoudre. on sent que la préparation va aider le protagoniste et c’est pas bon, il faut que le spectateur ne se rende pas compte, que la préparation soit dissimulée ou détournée. On peut cacher ce genre d'élément dans de l'humour notamment (bien).
Cas où un téléphone est bien : Fausse piste, pour un bon plot twist

Annonce : prépare, tease un conflit. Le publique sent qu’il va y avoir du conflit, qu’on conflit se prépare, et ça c’est bien, le publique savoure. Foreshadowing en anglais. Par contre, il faut y aller, il faut que cette préparation paie et qu’il y ait ce conflit, sinon c’est une fausse promesse, une frustration.

« Il ne faut surtout pas le mouiller, l’exposer à la lumière et encore moins le nourrir après minuit » (Gremlins)

Attention il ne faut pas tout préparer non plus. Gardons aussi de la surprise lorsqu’elle est bénéfique.

La note

Désigne à l'origine la machine qui faisait descendre un personnage divin qui venait résoudre la situation dans le théâtre antique.

C’est donc un élément inattendu, incohérent qui vient résoudre la situation. C’est une facilité scenaristique, une sorte de triche. Il trahit les règles posées par le récit

C’est a l’opposé du Préparation-paiement

La note

Procédé qui consiste à exploiter au maximum les éléments mis en place au début du récit, à l'exposition. On pourrait le traduire par le verbe traire. Plus on crée de cohérence, qu’on utilise au maximum ce que l’on a déjà introduit, plus on se rapproche de la virtuosité.

C’est mieux de réutiliser un élément déjà installé que d’en introduire un nouveau.
Lors de l'exposition, mettez le moins possible d’éléments qui ne vont pas servir dans le reste du récit
Il faut utiliser tous les éléments.

Par exemple si on est en chine, le fait que l’on soit en chine, que ce soit la politique, la culture etc, doit payer dans le scénario, doit servir.

on ne torture pas Ken comme n’importe qui, on lui déchire sa collection de costumes (Toy Story 3)

La note

Pour utiliser le flash back, McKee nous dit qu’il faut attiser la curiosité de savoir, sinon le flashback frustre, le publique a l’impression de perdre son temps.

On ne donne pas la réponse avant que le publique ne se pose la question.

Cela ne concerne pas seulement le flash-back. C’est vrai pour tout élément d’exposition qui révèle le passé du personnage ou apporte des informations sur le monde de l’histoire. Il est préférable d’éveiller la curiosité du public avant de lui exposer des informations. Sinon l’exposition semble détourner le spectateur de l’intrigue, c’est désagréable.

Comment Matrix attise la curiosité du public :

La note

Tous les bons retournements de situation fonctionnent sur une fausse piste :

• Fausse piste  : Dark Vador a tué le père de Luke
• Retournement de situation  : Dark Vador est le père de Luke

Une fausse-piste est une vérité que choisit le film lors d’un embranchement de l’histoire qui s’avérera fausse. Si vous ne créez pas une fausse-piste, vous laisser un trou dans l’intrigue que le spectateur va remplir. Il risque de voir venir le coup

Désamorcer un téléphone

Peut permettre aussi de désamorcer un téléphone (voir Préparation-paiement) : on se dit que bah oui cet élément va sauver les protagonistes mais finalement non, cet élément échoue et c’est un autre qui permet de sauver la situation (utilisé en comédie souvent mais pas que).
Nous nous attendions à un téléphone,c’était une fausse-piste. Le film a subverti notre attente, a été plus malin que nous. C’est satisfaisant.